Exposición de Daniel ONGUENE – WILDEST DREAMS – Out of Africa Gallery

En juin 2023, OOA GALLERY organise la première exposition personnelle de Daniel Onguene à Barcelone intitulée « Wildest dreams ».

Wildest Dreams de Daniel Onguene à la galerie Outo of Africa, du 3 juin au 7 juillet 2023.

Vernissage le 3 juin à 20h00 avec un cocktail au cava.

 

Daniel ONGUENE – WILDEST DREAMS 

Daniel Onguene, Out of Africa Gallery

La période des Indépendances, il y a une soixantaine d’années, a favorisé la création des premières écoles de beaux-arts sur le continent, les premières expositions individuelles ou collectives, les festivals et autres manifestations.

L’euphorie de cette liberté, parfois chèrement acquise, les mouvements nationalistes, le retour aux racines et aux origines, tout ce discours enthousiaste s’est retrouvé transposé dans les œuvres que l’on a pu admirer de Dakar à Yaoundé en passant par Brazzaville !

L’Afrique était belle, elle pouvait enfin mêler sa voix au concert des nations, son identité devenait une fierté et tout devait refléter cette foi en des lendemains meilleurs et qui chanteraient nécessairement.

Une génération plus tard, beaucoup de cris de joie se sont assourdis, des querelles se sont fait jour, l’unité africaine a volé en éclat et la marche vers le développement suscite interrogations et remises en question dans toutes les couches des populations.

L’exode rural cause ses ravages multiples décuplés par une ambiance générale de laxisme et de fatalisme.

Les campagnes frappées par toutes sortes de calamités humaines et naturelles se vident au profit de villes qui n’ont pas été programmées pour absorber de telles quantités de population.  

Les problématiques se posent à tous les niveaux de la vie des citadins. L’urbanisation accélérée n’obéit plus à la moindre norme, les réseaux qu’ils soient électriques ou d’assainissement étouffent sous le poids de l’anarchie et du manque d’entretien.

Enfin, le peu d’industries qui ont pu exister, mal dimensionnées, véritables « éléphants blancs » comme les surnomme l’artiste, se sont effondrées gangrenées par les « ajustements structurels », les politiques de libéralisation à tout crin qui ont laminé, par l’ouverture des frontières à des productions venues de partout, de Chine, en particulier comme y font allusion certaines oeuvres, les filières domestiques qui tentaient de survivre vaille que vaille.

C’est cette Afrique d’aujourd’hui, et cette jeunesse d’Afrique, bien désenchantées, que cherche à représenter, à l’instar de nombre de ses pairs artistes de sa génération, Alexis Daniel ONGUENE TASSI, qui, à peine âgé de vingt-huit ans aujourd’hui, a fait une entrée fracassante dans la création artistique de notre continent.

Certes, il est titulaire d’un master en arts plastiques et histoire de l’art, option peinture, obtenu il y a quatre ans à l’Institut des beaux-arts de l’Université de Douala à Nkongsamba, mais il fait preuve d’une surprenante et précoce maîtrise de sa technique.

Alors qu’il n’avait que vingt ans, il a été remarqué et primé, à la faveur d’un concours ouvert aux écoles d’arts du continent africain, par la Jack BELL Gallery de Londres qui scrute si bien les talents les plus prometteurs de l’art africain contemporain. Il a continué sa route exposant ainsi à plusieurs reprises dans les meilleures galeries du Cameroun dont la Galerie MAM, en 2017, sous le commissariat de Simon NJAMI. 

La présentation chez OOA GALLERY en juin 2021 a été sa première véritable exposition sur le continent européen.

Il a continué son chemin, depuis lors, en participant à d’autres très belles manifestations sous la bannière d’OOA, notamment 1-54 Londres en 2021 et Art X Lagos en 2021 et 2022. Après le duo show « Smiling and Suffering » à OOA GALLERY Barcelona, deux de ses oeuvres ont été présentées lors de l’exposition collective « Africa rises in fall » à OOA GALLERY Londres. En juin 2023, OOA GALLERY organise à Barcelone sa 1ère exposition individuelle « Wildest dreams« . 

L’artiste, de plus en plus aguerri et maître de sa technique nous revient autour de cette même thématique de l’« Aventure entre les ruines », et qui, selon ses propres termes interroge « les causes d’émergence du secteur informel en Afrique ». 

Il illustre sur les fonds grisés d’un monde chaotique, presque déjà enseveli dans le passé, le quotidien de ces « héros » anonyme, peints avec précision de manière très figurative, qui, vaille que vaille, s’efforcent de survivre par la pratique harassante d’une multitude de « petits boulots » dont on se demande comment ils arrivent à les nourrir et souvent, même, leur famille avec.

Daniel Onguene, Out of Africa Gallery

Il y a chez lui une grande empathie, qui suppose de l’affection et du respect, et ses personnages restent dignes quand ils ne sont pas dynamiques et combatifs, dans des couleurs vives et acidulées, malgré la dureté des temps.

Les titres des œuvres et les anecdotes auxquelles elles renvoient sont très significatifs, avec, en particulier, ce jeune homme en buste et qui nous regarde portant un plateau où sont posées quelques aliments à vendre et ces mots terribles « My future on my head » !

Mais l’une des plus récentes se détache du lot, intitulée « The dreamer », sur un fond plus coloré que les autres, elle montre un homme jeune, bien charpenté, droit, qui tient bien verticale sa lance, comme une arme, conquérant, souverain, il n’a pas l’air battu des autres héros de l’artiste. Il évoque les techniques en cours de développement de production de biogaz et ses lunettes de protection font plutôt penser à un casque de réalité virtuelle !  

Message d’inspiration et d’espérance, message de foi en un futur dont la technicité n’est pas toujours à rejeter, vision d’un monde qui peut être à portée de mains et passer de la virtualité à la réalité.

Voilà qui donne envie de suivre encore un artiste talentueux et attachant.

Sylvain Sankalé